Je parle de l'hypocrisie, dans l'ordre : du fabricant, des pouvoirs publics, des pharmaciens, à laquelle il faut ajouter un zeste de crédulité de la part des consommateurs /clients.
Evidemment, dans un monde de Bisounours, tout le monde est responsable, citoyen, informé et ne veut le mal de personne.
Le laboratoire cherche une solution à la souffrance de milliers de
personnes / Les pouvoirs publics font une Autorisation de Mise sur le
Marché (AMM) qui limite l'achat du médicament à une population qui en a
"vraiment" besoin / Les pharmaciens calculent l'Indice de Masse
Corporelle (IMC) de chaque client qui leur demande Alli et ne la vendent qu'à
ceux qui ont un IMC > 28.
Et dans ce monde, on peut phantasmer qu'un médicament peut tout
résoudre, en quelques semaines : des années d'échec par rapport au
poids, des effets yoyos, une alimentation qui compense le mal-être...
Mais on vit dans la réalité et la réalité, la voici :
- Côté laboratoire : la molécule (Orlistat) existait déjà. La pilule
contient la moitié de principe actif par rapport à sa grande soeur :
Xenical, vendue exclusivement sur prescription et avec suivi médical.
Evidemment, c'est plus rentable pour le labo d'avoir accès au grand
public et à une vente "derrière comptoir". Et puis les résultats ont
été mesurés dans le cadre d'un régime hypolipidique (30 g de
lipides/jour) et hypocalorique (diminué de 600 Calories/jour). Tous les gens pouvant maintenir ce type de régime maigrissent avec ou sans Orlistat. D'ailleurs, les effets annoncés aux pharmaciens sont de 4,9% de perte de poids (soit 4 kgs pour une personne de 80 kgs, EN 6 MOIS !!!)
- Côté pouvoirs publics, on sait bien que cette molécule est un
principe actif, qui ne doit pas être associé avec certains médicaments.
Alors on se protège, en terme de responsabilité, derrière des
conditions de vente précises : ne pas vendre à des personnes dont l'IMC
est inférieur à 28. Ainsi, seuls les sujets
ayant un surpoids présentant un réel risque pour leur santé auront
accès au médicaments. (alors pourquoi ennuie-t'on tous les gens qui ont un
IMC entre 25 et 28, dits en "surpoids" si ils ne prennent pas de risque
pour leur santé...? Autre vaste sujet...). Bref, les pouvoirs publics bottent en touche et
passent la balle aux pharmaciens.
- Côté pharmaciens, on est commerçant. Quand un client vient vous
demander ouvertement de lui vendre ce médicament, difficile de lui
refuser sous peine de perdre une vente, voire un client.
- Côté clients, on fait semblant de ne pas savoir qu'on prend un
médicament qui fait dysfonctionner l'organisme (on empêche l'action
d'enzymes chargés de digérer les lipides). Mais de deux choses l'une :
ou on prend ce médicament en ne changeant rien à son alimentation et le
poids ne bougera pas. En revanche les effets secondaires seront
délicieux : selles grasses, huileuses, profuses, impérieuses,
suintements. Hummm ! du plus bel effet sur les strings, sous-vêtement
préféré des françaises. Et puis on imagine d'ici le nettoyage des
toilettes, à l'eau froide, sur des selles huileuses !... C'est
désocialisant, invalidant ; bref, c'est répugnant éthiquement, moralement et concrètement.
Ou alors, les clients changent leur alimentation, suivent les conseils et perdront du poids, avec ou sans Orlistat ! C'est donc une belle arnaque qui se dessine. Et lorsque j'entends que la pilule est en rupture de stock aux USA, cela ne me réconforte pas du tout, du tout sur le devenir des personnes utilisant cette pilule !!!